Dans la région la plus riche de France, 1,2 million de personnes sont mal-logées : 211 100 sont privées de domicile personnel et 976 000 ont des conditions de logement très difficiles (privation de confort, surpeuplement accentué).

La Fondation Abbé Pierre a présenté en octobre son éclairage régional Île-de-France sur l’état du mal-logement et les raisons de sa persistance. Nous présentons ici quelques courts extraits  du rapport et renvoyons à sa lecture pour en connaître la teneur complète.

« Si l’Île-de-France représente 18,2 % de la population nationale, les indicateurs de mal-logement et de difficultés à se loger sont alarmants : la région concentre en effet 33 % des habitants en bidonvilles, près de 34 % des demandes d’HLM, 41 % des expulsions locatives effectives, 64 % des recours DAHO et 59 % des recours DALO, 61 % des ménages Priorités Urgentes DALO restant à reloger, 63 % des situations de surpeuplement accentué … ».

Globalement, 30 % des personnes mal-logées de France vivent en  Île-de-France.

Alors que l’offre d’hébergement a progressé en Île-de-France (notamment doublement des capacités d’accueil d’urgence entre 2011 et 2014), la mise à l’abri pour la nuit n’est toujours pas assurée pour répondre à une demande qui s’est encore plus fortement accrue. « La gestion au thermomètre de l’hébergement qui perdure et une approche trop limitée du ”logement d’abord” sont pointées du doigt comme entraînant un « recours (massif) aux nuitées hôtelières (financement État) qui a pratiquement quintuplé en dix ans (de 8 286 fin 2008 à 39 600 à fin 2018).

Mais les effets de la crise ne sont pas toujours visibles car ils sont bien souvent amortis par les réseaux de solidarité. En Île-de-France, 148 000 franciliens sont hébergés chez des tiers soit près de quatre fois le nombre de personnes en hôtel (financement État). Ce mode d’hébergement est une des premières raisons de la sollicitation des 115 et des recours DALO en Île-de-France. Loin de permettre une stabilisation pour les familles, l’hébergement chez des tiers a souvent de lourdes conséquences sur les personnes, notamment sur les enfants mais également sur la famille hébergeante. »

Le rapport souligne également « des lois insuffisamment appliquées » dans la lutte contre la pauvreté et le mal-logement. On peut prendre l’exemple de « la domiciliation qui constitue une mission obligatoire des centres communaux et intercommunaux d’action sociale (CCAS/CIAS). Les organismes agréés par le préfet de département à cet effet peuvent également exercer l’activité de domiciliation. En Île-de-France, au 31 décembre 2016, 96 431 domiciliations étaient en cours de validité : 63 172 pour les organismes agréés et 30 259 pour les CCAS. Cette offre importante masque une répartition très inégale de l’activité sur le territoire francilien. Bien que la loi les désigne comme acteurs habilités de plein droit sur l’activité de domiciliation, seuls 27 % des CCAS ont une activité de domiciliation en 2016. »

Autre exemple, celui de l’insuffisante production de logements sociaux. Le rapport rappelle que « 254 communes franciliennes n’ont pas encore atteint les 25 % de logements sociaux et sont soumises à rattrapage dans le cadre de la loi SRU. Si l’ensemble de ces communes ont produit 57,2 % des logements sociaux en Île-de-France de 2016 à 2018, certaines sont toujours réfractaires pour rattraper leur retard. Sur la période 2014-2016 en Île-de-France, 102 communes n’ont pas respecté leur objectif quantitatif ou qualitatif et 66 communes ont été carencées au 31 décembre 2018. »

Au-delà des constats sur le mal-logement et ses raisons, la FAP rappelle que « toute politique en matière d’habitat et d’hébergement (qu’elle soit locale, départementale, métropolitaine ou régionale) doit intégrer les 3 principes fondamentaux suivants :

– loger plus et mieux les plus modestes

– prévenir et combattre les facteurs d’exclusion

– construire une région équitable et accueillante. »

 

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