Le 1er février 2023 la Fondation Abbé Pierre présentera son 28ème rapport sur le mal-logement (inscription obligatoire). Fin 2022, elle a publié une actualisation de son éclairage pour la Région Ile-de-France dont on tire deux constats.
Premier constat : Le mal-logement est une réalité sans cesse alimentée en Île-de-France
C’est le résultat d’un déficit récurrent de production de logements et surtout de logements sociaux et à loyers abordables : alors que les orientations adoptées par le SRDIF sont de produire, chaque année, 70 000 logements dont 37 000 logements sociaux, la réalisation n’a été, sur la période 2010-2018 que de 58 000 logements construits en moyenne par an. Bien plus, le nombre de logements sociaux à bas loyer a été réduit de 13 800 en 10 ans.
Les besoins sont connus mais les résistances et les écueils pour mettre en œuvre des régulations efficaces, réduire les déséquilibres territoriaux et créer les conditions d’un autre rapport de force au profit des personnes mal-logées restent écrasants. Les inégalités territoriales sont de plus en plus fortes.
En même temps la pauvreté s’est accrue dans les deux-tiers des communes qui ont déjà un taux de pauvreté supérieur à 20 %.
« Les visages du mal-logement se sont multipliés : ménages consacrant plus de la moitié de leurs revenus à se loger et rognant sur d’autres dépenses essentielles; familles vivant durablement en situation de suroccupation ; occupants captifs de logements dégradés ou indignes; jeunes contraints de vivre chez leurs parents ou en colocation plus ou moins subie bien après l’âge des études ou du premier emploi ; propriétaires pauvres ou modestes mais incapables de faire face aux coûts d’entretien ou de remise aux normes de leur habitat ; locataires anciens du parc privé vivant dans la peur du congé pour vente qui les laisserait sans solution ; personnes allant d’une solution temporaire à l’autre sans jamais accéder à un logement pérenne; personnes contraintes à être hébergées par des amis ou de la famille, occupants d’habitations de fortune… ».
Le tableau joint, construit à partir des données de ce rapport, présente une synthèse des différentes formes de mal-logement en IdF
Deuxième constat : Les rendez-vous manqués de la lutte contre le mal-logement
De nombreuses lois tentent d’apporter des guides d’action pour apporter des solutions à ces situations. On peut citer la loi SRU qui oblige à avoir au moins 25 % des logements sociaux dans chaque commune, les lois ALUR et Egalité Citoyenneté qui réforment les règles d’attribution des logements sociaux, la loi DALO qui permet de donner une priorité d’accès au logement social de ceux qui rencontrent de grandes difficultés de logement etc.
Toutes ces lois permettent des avancées significatives mais:
- après 20 ans, les communes déficitaires en logements sociaux en IdF sont encore aujourd’hui au nombre de 232 même si une centaine de communes de la région qui ne comptaient aucun logement social en sont désormais dotées et que la production de ces logements s’est faite à 80 % dans des communes déficitaires.
- la hausse du nombre de ménages reconnus prioritaires DALO reste plus rapide que celle du nombre de ménages relogés
- le dispositif d’hébergement est dominé par l’offre d’urgence : il y a eu plus de places d’urgence créées que de places pérennes et un recours toujours important aux nuitées d’hôtel
- des programmes de rénovation urbaine de quartiers constitués de zones de pauvreté paraissent plus relever d’une logique de promotion et de libération foncière que de projets d’amélioration des conditions de vie des habitants…
Lire l’Eclairage régional Ile-de-France de l’état du mal-logement 2022