Comme chaque année maintenant, au cours d’une nuit du mois de janvier, appelée Nuit de la Solidarité, Paris, des communes de la MGP et des grandes villes en régions tentent de rencontrer et de recenser les personnes sans abri cette nuit-là..
Cette action solidaire vise à décompter les personnes sans abri et sans solution d’hébergement pour la nuit du décompte, dormant dans l’espace public ou un endroit impropre au sommeil afin de mieux connaître leurs profils et leurs besoins en vue de leur apporter des réponses adaptées. Elle a aussi pour but de sensibiliser le grand public aux enjeux de la grande exclusion. Elle rassemble des acteurs locaux, des associations, des habitants qui, dans les communes volontaires, parcourent la ville pour repérer ceux qui sont contraints de dormir dehors dans les espaces publics (rues, parcs et jardins, bois et forêts, bretelles d’autoroute, talus du périphérique…), les espaces privatifs (certains espaces communs de bailleurs sociaux, parkings…), les équipements (stations de métro et de RER, gares, hôpitaux…), les campements.
Ainsi cette année, les 693 secteurs de décompte de la Métropole du Grand Paris, outre les rues et les espaces publics, ont regroupé l’ensemble des stations de métro et RER à Paris et 39 hors de Paris, une douzaine de gares SNCF couvertes par les bénévoles dans le cadre d’un partenariat avec le réseau SNCF/Transilien. les salles d’attente de 16 hôpitaux de l’AP-HP et de l’hôpital Delafontaine à Saint-Denis, le secteur de la Défense (dalle et souterrains, parkings), plusieurs campements (Paris, Bobigny, Saint-Denis …), 28 talus et 7 issues de secours du Périphérique, des parcs et jardins, forêts et les bois de Boulogne et de Vincennes, des parkings privés, des adresses de bailleurs sociaux et de foyers (halls, caves, parkings…).
Le décompte de la Nuit de la Solidarité est à considérer comme un nombre a minima. Certaines personnes installées dans des espaces de retrait ou privés ne sont pas visibles et ne sont donc pas décomptées (notamment des femmes). D’autres personnes avec qui il est parfois difficile d’échanger pour établir leur situation de rue (usagers de drogue, personnes avec des troubles psychiatriques…) peuvent échapper aussi au décompte.
Les premiers résultats ont été publiés dès début février 2025 et nous en reprenons quelques éléments tels quels. Le nombre de personnes sans abri recensées est resté très stable entre 2024 et 2025 : 3 507 à Paris (3 492 en 2024) et 768 dans les communes de la MGP qui ont participé (contre 785).
Le nombre de communes de la Métropole qui se sont associées à cette démarche marque le pas après être passé de 9 en 2022, à 27 en 2023, 32 en 2024 mais 30 cette année. Dans les Hauts-de-Seine, en 2024, Asnières et Boulogne avaient rejoint les 8 communes qui avaient participé à la nuit de la solidarité en 2023. Mais cette année, ce sont 9 communes seulement qui y ont participé. Deux s’y sont ajoutées : Chaville et Montrouge tandis que 3 ne s’y sont pas associées : Asnières, Boulogne et Ville d’Avray. En Seine-Saint-Denis ce sont 15 communes qui y ont participé, en Val-de-Marne 4 et en Essonne 2.
Dans deux communes (de Seine-Saint-Denis) plus de 100 personnes ont été décomptées en 2025. ; 203 dans la commune nouvelle de Saint-Denis (y compris Pierrefitte-sur-Seine, commune déléguée – disposant d’un maire délégué – de la commune nouvelle de Saint-Denis depuis le 1er janvier 2025) et 167 à Bobigny dont 104 dans un campement de familles le long de l’A86 qui n’avait pas été décompté en 2024, « À elles seules, ces deux villes représentent la moitié des sans-abri décomptés en banlieue au cours de cette nuit » .
Dans les Hauts-de-Seine, le décompte de 2025 fait état de 130 personnes contre 153 en 2024. Pour les 7 communes qui ont participé aux nuits de la solidarité de 2024 et 2025, le nombre de personnes décomptées dans la rue était de 105 en 2024 et 113 en 2025.
Dans les 30 communes de la MGP, 6 personnes sur 10 ont été rencontrées dans les rues, même proportion que l’an passé, et 4 sur 10 dans des secteurs spécifiques (campements et installations le long de l’autoroute A86, salles d’attente de trois hôpitaux, secteur de la Défense, parkings souterrains privés, espaces communs de bailleurs sociaux ou de foyers… ).
Cette année, on note une concentration des personnes dans quelques secteurs : 17 secteurs sur les 336 couverts au cours de l’opération comptent 10 personnes ou plus, regroupant 57 % de l’ensemble des personnes décomptées. En 2024, près de la moitié des personnes (49 %) avaient été rencontrées dans les secteurs comptant 10 personnes ou plus.
50 % des personnes rencontrées étaient seules, alors qu’elles étaient 68 % en 2024.
Sur 568 adultes dont le sexe est connu, 102 étaient des femmes (18 % mais 14 % à Paris). Ils ont été rencontrés principalement en campements de familles, à l’hôpital Delafontaine (en couple le plus souvent) et dans des parkings. En 2024, 70 femmes adultes avaient été décomptées soit 11 %.
Enfin, 85 mineurs ont été décomptés, tous en famille, contre 32 en 2024. Ce qui corrobore malheureusement l’augmentation du nombre d’enfants à la rue.
Dans son dernier rapport de février 2025, le Fondation Pour le Logement des Défavorisés (FPLD, ex FAP), rappelle que le nombre de personnes sans domicile personnel ne cesse de progresser en France. Elle estime à 350 000 le nombre de personnes sans domicile, en hébergement ou à la rue, contre 330 000 en 2023, 300 000 en 2020… et 143 000 en 2012. Et n’oublions pas les 735 personnes mortes dans la rue en 2023.