Le vieillissement de la population s’observe dans l’ensemble des QPV comme dans la population dans son ensemble[1], dans les Hauts-de-Seine comme en France entière. Il s’accompagne d’une baisse de la part des jeunes de moins de 24 ans, de 37,4 % à 36,5 % dans les QPV du 92.

Les questions touchant à la jeunesse sont souvent mises en avant dans les QPV mais on parle moins de celles liées à la vieillesse et qui pourtant sont de plus en plus apparentes. C’est ce que montre l’étude menée par un groupe d’étudiants qui a fait ressortir la nécessité d’une approche territoriale et intégrée en plus de l’approche souvent sectorielle du vieillissement.

Pour le volet statistique de leur étude qui porte sur les QPV des Yvelines, Hauts-de-Seine et Val d’Oise, les sources sont la base de données INSEE (Démographie QPV 2010-2015), données déjà anciennes, mais les seules disponibles à ce jour, puisque compte tenu de la méthode du recensement de la population, les résultats issus de ce recensement au niveau quartier ne se comparent correctement entre eux que sur des périodes espacées d’au moins cinq ans.

Les auteurs de l’étude ont choisi deux indicateurs pour mesurer l’ « intensité » du vieillissement : l’écart entre la part des 60 ans et + dans le QPV et la part des 60 ans et + : dans la commune d’appartenance / puis dans l’ensemble des QPV à l’échelle nationale, et ceci à deux dates, en 2010 et en 2015. Ils ont ensuite attribué une note en trois valeurs pour chaque QPV selon le vieillissement par rapport à leur commune d’appartenance et la moyenne nationale des QPV:

Les auteurs analysent ensuite la prise en compte du vieillissement dans les contrats de ville à travers 5 critères : mention du vieillissement à l’échelle de la communauté d’agglomération, de la commune d’appartenance, du QPV / élaboration d’un diagnostic / analyse du phénomène / élaboration d’outils / moyens mobilisés. Puis ils attribuent une note pour chaque QPV selon la prise en compte du phénomène du vieillissement dans chaque contrat de ville.

Pour finir, les auteurs croisent l’approche quantitative et l’approche qualitative entre l’intensité du vieillissement et sa prise en compte dans les contrats de ville.

Pour les Hauts-de Seine, l’étude conclut que la plupart des QPV sont concernés par le phénomène du vieillissement de manière intense, 11 d’entre eux : Les Hauts d’Asnières à Asnières, les 2 QPV de Clichy, Les Fossés Jean et Les Musiciens à Colombes, Les Agnettes et Grésillons Voltaire I-Gabriel Péri à Gennevilliers/Asnières et 4 QPV sur 5 à Nanterre (à l’exception du Parc). Les 10 autres QPV affichent une intensité modérée du vieillissement.

En croisant l’intensité du vieillissement et la prise en compte du vieillissement dans les contrats de ville, l’étude conclut que dans les QPV des Hauts-de-Seine, le vieillissement de la population est majoritairement pris en compte, sauf dans 5 contrats de ville sur les 21 : deux à Colombes (Fossés Jean et Les Musiciens) et celui des Hauts d’Asnières à Asnières malgré une intensité forte du vieillissement et ceux de Cité Jardins à Châtenay-Malabry et Petit Colombes à Colombes qui ont une intensité modérée du vieillissement.

Nous renvoyons à l’étude citée pour prendre connaissance de la méthodologie et des résultats complets sur les trois départements étudiés.

Cette étude nous laisse sur notre faim pour comprendre les phénomènes qui se jouent dans les QPV et dans les communes du département. L’analyse appelle à être éclairée par un point de vue sociodémographique. En effet, 35 % des ménages ont emménagé depuis quatre ans ou moins dans le département et on constate une modification des catégories socioprofessionnelles marquée notamment par le développement des CSP favorisées (25,4 % de CPIS en 2017 et 24 % en 2012). La part des 60 ans et plus progresse (19,9 % en 2017 et 18,8 % en 2012) tandis que la part des retraités reste stable (19,1 % en 2017 et 19,2% en 2012). En parallèle les prix de l’immobilier ancien continuent de grimper de 5 400 €/m² à 6 310 €/m² en 3 ans (notaires de Paris entre les 2èmes trimestres 2017 et 2020) et les loyers privés restent toujours très élevés : autour de 23 à 25 €/m² en moyenne et pouvant aller de 17 à 34 € (novembre 2020, Se loger et MeilleursAgents), sélectionnant toujours plus les ménages les plus aisés pour accéder à un logement dans les Hauts-deSeine.

Par ailleurs les QPV sont les quartiers qui accueillent  les populations les plus pauvres et la structure par âge de leur population dépend fortement de l’ancienneté du parc social et des transformations urbaines qui les affectent (démolitions, constructions, rénovation, relogements).

Nous présentons ici un extrait de tableau détaillé de l’étude qui fournit les données 2010 et 2015 par QPV auquel on a ajouté la dernière donnée disponible 2017 pour les 60 ans et +  par commune. En référence, la part des 60 ans et plus dans l’ensemble des Hauts-de-Seine est de 19,9 % en 2017. C’est à Neuilly qu’elle est la plus élevée, 27,7 % et à Nanterre la plus faible, 15,6 %.  Antony a la part la plus élevée parmi les communes qui ont un QPV : 23,2 %.

A partir d’un tableau de l’étude

[1]Source : Étude – Le vieillissement dans les Quartiers Prioritaires de la Politique de la Ville – Éclairages sur les départements des Yvelines, les Hauts-de-Seine et du Val d’Oise.  Pôle Ressources Ville et développement local / SciencesPo Saint Germain-en-Laye-UVSQ  Avril 2020