Les difficultés qui expliquent le non-recours à l’hébergement d’urgence ( 115, domiciliation,..)

La situation est probablement plus grave que ne le font apparaître les demandes adressées au 115 car nombreuses sont les personnes qui n’y font pas systématiquement appel. Outre la saturation du 115, d’autres raisons sont à prendre en compte :

Règles de vie : rigidités

La Newsletter n°9 du SIAO analyse ainsi la situation :
« …..la première condition pour accéder aux hébergements d’urgence et aux services du samu social des Hauts-de-Seine consiste à contacter la plate-forme du 115. L’explosion de la demande et la saturation des lignes conduisent certaines personnes à appeler le 115 six heures durant avant d’avoir une personne au bout du fil et des expériences récentes ont montré qu’une seule personne peut appeler jusqu’à 250 fois par jour.
Une fois cette étape passée, il faut encore accepter les conditions d’habitation et de cohabitation dans les structures proposées. II faut accepter de façon inconditionnelle les règles de vie des lieux d’accueil. Cela signifie qu’il faut préalablement s’affranchir des règles et modes de vie à la rue pour se conformer aux règles du vivre ensemble. Que dire donc de l’inconditionnalité lorsqu’on attend de personnes parfois totalement désocialisées de se montrer sociables ? n’y a-t-il pas, à certains égards, un décalage voire une contradiction entre les exigences institutionnelles des structures d’accueil et les capacités propres des personnes accueillies ? dans la culture de l’immédiateté portée par la notion d’urgence sociale, cela a-t-il
un sens d’attendre d’emblée de la marginalité une « mise en conformité quand celle-ci constitue précisément la finalité visée par le processus de prise en charge ? »

Non recours : manque de contact avec les professionnels

Un travail récent de la DREES [1] donne les éléments suivants :
– 25% des sans-domicile ayant dormi dans un lieu non prévu pour l’habitation déclarent ne pas avoir été en relation avec un médecin ou un travailleur social pendant l’année écoulée
– contre 2 à 3% pour ceux hébergés en logement ordinaire.
Ils sollicitent peu les SIAO (15% seulement) et 8 personnes sur 10 n’ont pas appelé le 115 depuis un mois.

Ce non-recours peut s’expliquer par la saturation du dispositif, l’absence de places d’hébergement et l’inadéquation entre la demande et l’offre de places

Se faire domicilier : des difficultés importantes

La domiciliation est une démarche importante pour avoir accès aux droits. Or elle est difficile dans les Hauts de Seine.
C’est une obligation légale pour les CCAS mais beaucoup de communes refusent de domicilier ou sont très restrictives notamment lorsqu’elles ont à apprécier les liens de la personne avec la commune.
Des délégations associatives peuvent aussi être agrées pour le dispositif généraliste et l’AME, mais 15 seulement le sont dans le 92.

Globalement les associations  agrées dans les Hauts de Seine domicilient 3,2 fois plus que les CCAS. Pour 2014 sur les 10349 domiciliations effectuées, 2470 l’ont été par les CCAS et 7879 par les organismes agréés.
Pour certains publics, il est bien souvent nécessaire de sortir du département pour trouver une structure domiciliataire, indispensable pour effectuer la moindre démarche, avec le risque de renforcer l’isolement et de casser les solidarités de proximité qui sont un véritable vecteur d’insertion.

 

 

1-Le recours aux prestations et services de protection sociale des personnes sans domicile par Anne Legal (DREES)

-> Le dispositif d’hébergement et de logement

<- Un recours massif aux chambres d’hôtels.